Prévision des inondations urbaines : l’ANAMET s’inspire des modèles performants du Burkina Faso pour renforcer l’alerte au Togo

L’Agence Nationale de la Météorologie du Togo (ANAMET) a ouvert le lundi 2 juin 2025 à Lomé un atelier technique de haut niveau dédié au renforcement des capacités nationales en matière de prévision des inondations. Cette initiative a duré une semaine et s’inscrit dans une dynamique de coopération régionale, en partenariat avec les services météorologiques du Burkina Faso, et bénéficie de l’appui technique et financier de l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM).
L’atelier qui s’est tenu à Lomé a réuni des experts togolais et burkinabés autour d’un objectif commun : adapter et appliquer des modèles de prévision hydrométéorologique pour améliorer l’anticipation des crues et la gestion des risques liés aux inondations, particulièrement dans les zones urbaines à forte vulnérabilité comme le Grand Lomé.
« Nos collègues du Burkina Faso ont développé des outils et des modèles performants pour prévoir les inondations à Ouagadougou. Nous avons trouvé cela très pertinent et avons souhaité nous en inspirer. L’objectif, pour nous au Togo et particulièrement dans le Grand Lomé est d’apprendre à modéliser ces phénomènes afin de mieux anticiper les crues et ainsi renforcer nos capacités de prévision. », a exprimé le Directeur Général de l'ANAMET Dr Latifou ISSAOU.
Une coopération Sud-Sud renforcée
Le Burkina Faso, confronté à des épisodes d’inondations récurrents dans sa capitale Ouagadougou ces dernières années, a récemment développé des outils innovants de modélisation hydrologique et d’alerte précoce. Ces outils, conçus avec l’appui de l’OMM, permettent de produire des prévisions plus fines et plus rapides, essentielles pour alerter les populations et limiter les dégâts.
En partageant ces acquis avec le Togo, le présent atelier vise une réplication intelligente de ces bonnes pratiques, adaptées aux réalités locales. Les participants togolais, issus de différentes institutions (météorologie, gestion des eaux, protection civile, urbanisme, etc.), sont formés à l’utilisation de ces modèles, avec un accent mis sur la contextualisation aux spécificités hydrographiques du littoral togolais.
Lors de l’atelier, Tania GASCON, responsable de projet à l’OMM, a rappelé que les systèmes d’alerte ne sont jamais instantanément parfaits. Leur efficacité se construit dans le temps : « Un système d’alerte en service évolue de façon progressive. Nous avons eu des échanges enrichissants avec la République tchèque, qui travaille depuis plus de 15 ans sur une méthodologie spécifique aux inondations rapides. Leur système s’est amélioré petit à petit, et c’est cela la clé : on ne construit pas un dispositif parfait du jour au lendemain. », explique-t-elle.
« Ces systèmes ne sont pas magiques. Leur efficacité repose sur la capacité des équipes nationales à interpréter les données, à les adapter aux conditions locales. Le nord du Togo ne réagit pas comme le sud ou le centre. Il faut donc développer une réelle compréhension des phénomènes propres à chaque zone. », ajoute-t-elle.
Pour Madame OUEDRAOGO TAPSOBA Christine, Directrice des études et de l'information sur l'eau au Burkina Faso, cette approche progressive porte déjà ses fruits : « Nous avons testé les modèles l’année dernière, durant la saison des pluies. Bien sûr, comme il s’agit de modèles, ce n’est pas aussi précis que l’observation directe, mais nous avons constaté une bonne tendance. Grâce à nos partenaires, nous avons pu développer des outils à la pointe de la technologie et renforcer les capacités de nos techniciens. Nous avons une équipe mobilisée 24h/24, capable de lancer des alertes en temps réel. Les populations sont prêtes à réagir. La coordination avec les structures de gestion des catastrophes est désormais fluide. »
Pour l’ANAMET, l’enjeu est désormais de pérenniser les acquis de cet atelier, à travers la formation continue du personnel, l’intégration des modèles dans les pratiques de prévision, et une coordination étroite avec les structures de gestion de crise.
Ce renforcement des capacités nationales s’inscrit pleinement dans les Objectifs de Développement Durable (ODD), notamment les cibles liées à la résilience face aux catastrophes (ODD 13) et à la gestion durable des villes (ODD 11). Il rappelle, une fois encore, que face au climat, l’anticipation est la meilleure des protections.




